La tribu des Aït Atta
Les Aït Atta sont une grande tribu berbère actuellement répartie sur trois provinces du Maroc central: Azilal, Ouarzazate et Errachidia.
Origine et localisation
Depuis des millénaires, les Aït Atta vivent sur un immense territoire qui s'étend du Haut Atlas et de l'Anti-Atlas jusqu'aux confins algériens. Ils sont organisés en confédération dont la capitale est Saghro. Ils élisent chaque année un Amaghar qui est responsable de gérer la communauté, de distribuer les ressources (notamment l'eau d'irrigation et les pâturages), de trancher les conflits et de rendre la justice avec les autres notables locaux
Djebel Saghro
L'identité historique des Aït Atta est liée à un personnage nommé Dadda (ou le grand père Atta) considéré comme l'ancêtre commun et le père spirituel, en raison de ses relations avec le saint, Moulay Abdellah Ben Hssain, fondateur de la zaouïa Amagharyine.
Nomadisme et sédentarité
La plupart des habitants, sédentaires ou nomades, du djebel Sarghro appartiennent aux tribus des Aït Atta. Les Berbères Aït Atta furent les derniers à résister aux troupes françaises qui pacifiaient le protectorat marocain entre les deux guerres. Aujourd'hui, ces bergers transhument pour échapper aux rigueurs de l'hiver dans le Haut-Atlas à la recherche des meilleurs pâturages pour leurs troupeaux de chèvres et de chameaux. Et lorsque le Saghro devient brûlant, les nomades partent pour le Haut Atlas central. Dans les souks de Kelaâ M'Gouna ou de Boulmane du Dadès, ils vendent oignons, pommes de terre, courgettes et achètent farine, viande fraîche ou confite, dattes miellées, pains de sucre, thé... en vue du périple.
Dans le Saghro, certains Aït Atta ont construit des maisons de pierre crue, creusé des puits, planté des amandiers, cultivé le blé, l'orge et divers légumes. D'autres ont constitué des troupeaux de chèvres et de moutons, des caravanes de dromadaires. Sédentaires en majorité aujourd'hui, semi- nomades ou nomades... ils sont peut-être 200’000 ou 300’000 individus.
Vestiges d'habitations (Maisons en argile séchée)
La résistance des Aït Atta face à la colonisation française
L'épisode le plus héroïque de cette résistance à la colonisation se situe fin 1932, début 1933.
C'est la fameuse bataille de Bou Gafer. Près de deux mois de combats acharnés en plein hiver pour prendre un bastion de neige et de rocaille. D'un côté, plusieurs milliers d’hommes, de nombreux canons et quatre escadrilles de quarante-quatre avions basées à Ouarzazate. De l'autre, conduit par les frères Baslam, un peu moins d'un millier de nomades sommairement armés, des femmes et des enfants.
Les nombreux irréductibles retirés au Sarghro ne manquent aucune occasion de manifester leur hostilité; ils adressent des menaces de représailles aux notables, qui cherchent à composer avec les Français. Pour en finir, le Commandement décide, au mois de février 1933, de régler la question du Sarghro. Coupés de toute communication avec l'extérieur du massif, harcelés jusque dans les rares points d'eau, les Aït Atta durent subir manœuvres d'encerclements, pilonnages d'artillerie et bombardements aériens. Ils sont obligés de capituler le 25 mars 1933.
Ce sera le dernier des grands faits d'armes de la colonisation au Maroc. Mais les tribus évitent le déshonneur. Assu u Baslam se rend, accompagné par les huées des femmes, qui voulaient lutter jusqu'à la mort. L'ensemble des tribus Aït Atta conserve le droit de s'auto-administrer en dehors du commandement glawi.
LES CEREMONIES DU MARIAGE AU MAROC
CHEZ LES AIT ATTA
Les mariages sont collectifs .On les célèbre à l'occasion de l'Aid el-kebir (ou Tafaska Taxatart).
Quelques jours avant la fête, les femmes vont moudre le grain aux moulins à eau .Les jeunes filles en âge de se marier aident leur mère, elles vont et viennent devant des groupes de jeunes gens qui les observent et font leur choix parmi elles. Ils les suivront plus tard quand elles iront faire du bois ou cueillir de l'herbe dans les champs et les jardins et à celle qu'il désire le prétendant déclarera sa foi.
Chaque fiancé égorge une bête dans sa et remet à ses garçons d'honneur des parts de viande qu'ils mettent dans le capuchon de leur burnous. La bête est partagée en quatre quartiers et chaque quartier en sept morceaux.
Le lendemain, au lever du soleil, chaque fiancé envoie chez la jeune fille ses garçons d'honneur conduits par une mule avec son bât et couverte d'un tapis. Ils trouvent la mariée prête, les mains teintes au henné, les cheveux peignés. Ils la juchent sur la mule et font monter derrière elle un de ses jeunes frères,si elle en a un, puis ils la promènent autour des murailles du petit ksar dont ils lui font faire trois fois le tour en compagnie des femmes de la maison, de parentes et de sa mère.
Les autres cortèges s'organisent pareillement avec leur fiancée, à peu près en même temps et tournent sans s'occuper du cortège qui précède ou qui suit.
On chante chemin faisant des paroles de ce genre: "warro wa warro ya arro", dans lesquelles revient le terme "erro", mis pour "vaincre"; c'est en effet de lutte qu'il s'agit.
A la fiancée du premier groupe qui s'arrête devant la porte d'entrée du ksar ses trois tours accomplis, on présente un bol contenant du lait et elle asperge de ce lait, par trois fois, le linteau supérieur de la porte.
Les hommes et les fiancés sont restés dans le ksar et tandis que la mariée se livre à ces rites d'aspersion, ils ferment la porte, refusant l'entrée du ksar aux petits cortèges qui se sont rejoints. Une lutte s'engage entre eux et les hommes. Quand on estime qu'elle a duré un temps suffisant qui laisse la victoire aux fiancés, on engage des négociations de part et d'autre. Les hommes remettent aux vainqueurs une ou deux parts de la viande dont ils se sont pourvus. Le marché conclu, la grande porte du Ksar s'ouvre et les cortèges pénètrent dans la petite cité au milieu de démonstrations bruyantes, de chants, de coups de fusil, des tambourins et vont se ranger dans l'Arahbi (enceinte rectangulaire parfois garnie de préaux où, la nuit, l'on met les bêtes de somme à l'abri).
Sous un de ces préaux, quelques jours avant les mariages, on a établi une longue banquette avec des branches de palmier sur laquelle on a étendu des nattes et des tapis. Cette banquette est réservée aux fiancées.
Les fiancées, sur leur mule, pénètrent donc dans l'Arahbi. Les hommes les descendent en les portant dans les bras pour que leurs pieds ne foulent pas le sol et les installent sur la banquette à la place qui leur est réservée. Derrière chacune d'elles, on suspend à un piquet, fiché dans le mur, les divers objets qui constituent le trousseau que leur père a donné, et parmi ces objets, on note plus particulièrement une sorte de musette, Tahrit, refermant des amandes, des noix, des dattes et une corde tressée de fils de couleur blanche, rouge et noire.
Elles ont la figure voilée, les bras garnis de bracelets et les mains teintes au henné. Devant elles, les invités, hommes et femmes, s'organisent pour danser et chanter l'Ahidous.
Les fiancées restent ainsi assises sur leur banquette pendant plusieurs jours et assistent à divers cérémonies célébrées en leur honneur.
L'une d'elles, qu'on appelle Aba3ya, a lieu le troisième jour. Les cavaliers entrent dans le ksar et vont, l'un après l'autre, les saluer en faisant cabrer leur monture qui retombe les pieds de devant sur la banquette des fiancées. Celles-ci mettent des taches de henné sur le chanfrein et le poitrail du cheval et donnent au cavalier des amandes et des dattes qu'elles tirent de leur sac-musette.
La consommation du mariage a lieu la troisième nuit dans la maison du mari où les fiancées sont conduites, sans chant et sans bruit, par deux hommes, quelques parentes et la mère du jeune homme. Après quoi on les ramène à l'Arahbi, sur la banquette, on procède à leur toilette; on étale sur leurs genoux le vêtement maculé du sang de l'hymen. Elles reçoivent les félicitations des assistants qui chantent leurs louanges et prononcent des paroles de bon augure.
Le septième jour, les noces terminées,les mariées vêtues de leurs beaux atours vont pour la première fois puiser de l'eau à la fontaine, chacune munie d'une cruche.
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